Imaginez un monde où chaque groupe de rock des années 70 se battait pour avoir le guitar hero le plus flamboyant, le plus chevelu, le plus capable de faire hurler une Gibson ou une Fender. Led Zeppelin avait Page, Deep Purple avait Blackmore, et les autres… n’avaient qu’un guitariste. Un seul, comme tout le monde. Sauf qu’un jour, à Torquay, quatre Anglais décidèrent de ne pas choisir. Pourquoi trancher entre deux guitaristes talentueux quand on peut garder les deux et inventer, au passage, la twin guitar ? C’est ainsi que Wishbone Ash est né, pionnier de la mélodie à deux guitares, du solo harmonisé, et père spirituel de Thin Lizzy, Iron Maiden et de tous ceux qui, plus tard, feront vibrer les stades à coups de duels de guitare. La légende raconte que lors de l’audition, Martin Turner et Steve Upton, les fondateurs, n’ont pas su départager Andy Powell et Ted Turner. Sur scène, c’est la révélation : deux guitares qui s’harmonisent et se répondent. Le public découvre un nouveau sport : le air-guitar synchronisé. Les ados prennent des notes. Thin Lizzy, Judas Priest, et plus tard Iron Maiden, s’en inspireront pour forger leur propre légende, mais rappelons-le, c’est Wishbone Ash qui a d’abord sorti de sa santiag secrète la twin guitar. Leur album « Argus » devient la référence des amateurs du genre. Les solos se répondent, la basse assure la fondation comme une contrebasse dans un quatuor classique, et la batterie, stoïque, donne le tempo. Wishbone Ash a su évoluer au fil des années, d’un rock plutôt progressif sur les 3 premiers albums vers un rock plus américain au mitan des années 70 pour arriver au début des 80’s à des albums quasi hard rock. Aujourd’hui, plus de 55 ans après, Andy Powell continue de faire rugir sa Flying V sur scène, fidèle à l’esprit originel du groupe : ne jamais suivre la mode, toujours privilégier la qualité et la fraîcheur, et surtout, ne jamais choisir entre deux guitaristes quand on peut en avoir deux. Alors, Raismes Fest, préparez une dernière fois vos oreilles et vos cervicales : les pionniers de la mélodie à deux guitares clôtureront le festival prêts à prouver que dans le rock, deux valent mieux qu’un.